Bouton principal d'un plan de salsifis des prés |
Petits écrins de bonheur vert tendre, essaimés ici et là aux quatre coins de la ville. En fait, peu de gens se soucient des terrains vagues, sauf peut-être quand la saison de l’herbe à poux bat son plein, et qu’à grands coups de weed-eater, les employés de toutes les villes, incapables de reconnaître une fougère d’une quenouille, viennent réduire à néant, des champs entiers qui en sont exempts.
Car mis à part les boutons de salsifis dont je fais mes délices, les bouquets d’orties qui me nourrissent et engraissent mon potager, les choux-gras dont je fais les meilleurs spinakopitas, ainsi que tous les autres galinsogas velus, asclépiades, mûres, catherinettes et j’en passe, un terrain vague c’est avant tout un milieu de vie. Les oiseaux y trouvent refuge, les couleuvres y font leurs nids, les papillons y passent l’été.
L’idée de ces commandos jardiniers est intéressante, mais reste qu’il me semble que c’est une façon bien urbaine de s’approprier son environnement. Les terrains vagues se suffisent à eux-mêmes et je me demande si le fait de vouloir y faire pousser des fleurs, peut-être annuelles, même exotiques, qui nécessiteront arrosages et entretien, justifie qu’on arrache les touffes de marguerites ou de rudbeckies qui sont arrivées là d’elles-mêmes. Si le fait de vouloir y récolter des pommes de laitues, excuse qu’on en déracine l’orpin. Les plantes sauvages, magnifiques machines adaptées à leur habitat, ont souvent beaucoup plus de valeur qu’on ne le croit, mais méconnues, elles sont trop souvent reléguées, au statut fort peu enviable, de vulgaires mauvaises herbes. Peut-être, oui, aménager l’espace, sélectionner et donner un coup de pouce à ce qui y pousse déjà, mais planter des pétunias à la place du tussilage, je ne sais pas.
Saint-Exupéry a écrit : « on ne connaît que ce qu’on apprivoise ». Je dis aussi : « on ne protège que ce que l’on connaît ». Parce que nommer les choses, c’est aussi, un peu, les faire exister
Nathalie
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