vendredi 25 avril 2008

Pour la protection du Boisé Albert Einstein

Lettre ouverte au Soleil de Châteauguay

Enfin les premiers rayons d’un soleil réparateur et rempli de promesses. Enfin, cette épaisse couche de neige cède sa place aux premières pousses du printemps. En cette période de renouveau, j’aimerais attirer votre attention sur un petit joyau dont peu de résidents de Châteauguay connaissent l’existence et dont, même ceux qui le fréquentent ou le voisine, ne soupçonnent la réelle valeur.
Je parle ici du boisé Albert Einstein, une des dernières érablières à caryers et à tilleuls de la Montérégie et même du grand Montréal. Fière représentante des plus belles forêts du Québec, elle se caractérise par la grande diversité de la flore qu’elle abrite. J’en veux pour preuve les deux inventaires effectués en 2007, au cours desquels plus de 130 espèces différentes ont été répertoriées, dont quelques-unes, plus rares, sont considérées comme des espèces vulnérables ou en danger. La richesse du site repose aussi, en partie, sur le système de marais, de marécages et de mares éphémères, qui le quadrille et le morcèle à la fonte des neiges, le rendant malheureusement quasi impraticable, au moment où sa beauté serait la plus évidente aux yeux des moins initiés.
Victime de sa nature, le boisé est, encore aujourd’hui, considéré comme un vulgaire terrain vague par certains résidents, qui trop souvent s’en servent comme d’un dépotoir d’appoint; habitude bien tenace, héritée de comportements anciens, qui tendaient à laisser croire que ce que l’on cache loin des regards, disparaît comme par magie. Bien sûr, les mentalités changent et je me réjouis de constater que les choses se sont grandement améliorées au cours des dernières années, mais reste que ce lieu, si fragile, requiert de plus grands soins et des attentions toutes particulières pour conserver toute sa richesse.
Dès 1981, un rapport commandé par la Ville de Châteauguay, soulignait l’urgence de protéger le boisé Albert Einstein. En 2005, le Ministère du Développement durable en a confirmé la valeur, en empêchant des travaux d’excavation d’y être effectués. En 2007, le Ministère des Ressources Naturelles, grâce à la précieuse collaboration d’Héritage Saint Bernard, a libéré des sommes substantielles pour mettre de l’avant un projet de protection du boisé. Depuis 2005, certains citoyens ont fait des efforts notables pour le protéger ou pour empêcher sa dégradation par des utilisateurs négligents ou mal intentionnés.
Pour toutes ces raisons, aujourd’hui, alors que je m’apprête à enclencher mon grand nettoyage annuel du boisé, je me pose cette question :
Comment cela se fait-il qu’à l’automne 2007, la Ville ait été incapable de défendre le projet de protection d’un si petit territoire, cédant ainsi aux pressions de quelques conseillers municipaux, alors que tant de gens et d’organismes travaillent activement à le protéger?
Bien sûr, je comprend que le boisé Albert Einstein est bien mal placé, enclavé dans le parc industriel qui est, comme nous le savons tous, un levier économique majeur pour la région. Mais, n’y a t’il pas, aussi, autre-chose qui fasse la richesse d’une ville et de ses citoyens. Le boulevard industriel est en effervescence, on y construit de partout; est-ce que la préservation de cet écrin de verdure, dans cette mer de béton et d'asphalte, apparaît comme un sacrifice si grand aux yeux de certains, que même les arguments les plus solidement défendus, ne savent trouver écho dans l’esprit des décideurs?
Mes questions resteront probablement sans réponses, mais elles auront au moins, le mérite d’avoir été posées.
Nathalie


1 commentaire:

  1. Chère Nathalie,
    Je voulais juste vous dire que vous êtes très convaincante et que vous vous exprimez d'une façon magnifique. Vous pouvez compter sur mon appui.
    Paul Bonneau
    Châteauguay

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